Plusieurs d’entre-nous ont profité de la pandémie pour renouer avec leurs passions ou en développer de nouvelles. Ce sont grâce à ces aspirations que beaucoup sont passés au travers de cette période difficile engendrée par la COVID-19. C’est ce qu’a fait notamment Chantal Gingras en redécouvrant la peinture, alors qu’elle se trouvait en Floride, loin de ses proches. Elle ne peut maintenant plus s’en passer et, enchaînant les expositions, elle envisage d’en faire son gagne-pain à temps complet. Pleins feux sur cette artiste montréalaise qui vit aux États-Unis.

Le premier coup de cœur
« Mon amour pour la peinture remonte à mon plus jeune âge. D’aussi loin que je me souvienne, le chevalet, les pinceaux et les pots de peinture sont des objets que je voyais souvent dans la cuisine de la maison de mes parents, sur la Rive-Sud de Montréal. Il y régnait en permanence une légère odeur de térébenthine », raconte Chantal Gingras. « C’était ma maman qui peignait. Elle aimait peindre la nuit et lorsque nous nous réveillions le matin, nous avions la surprise d’admirer une nouvelle toile terminée. Ma mère a donc été ma première source d’inspiration, mon premier contact avec l’art et la peinture. »

Le talent de Chantal Gingras pour le dessin est tout aussi naturel que celui de sa maman. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers les arts durant son parcours scolaire. C’est toutefois le mannequinat qui constitua sa première sortie artistique. Puis, ayant besoin de nouveaux défis et de plus de stabilité, elle se lance dans des études en architecture et en design d’intérieur. Pour elle, l’architecture est aussi de l’art, il s’agit tout simplement d’une autre forme de dessin.

Lorsqu’elle termine ses études, elle se lance un nouveau défi : déménager en Floride, où elle habite encore actuellement.

La crise bancaire et financière de 2008 l’amène à nouveau à changer de carrière. Ayant toujours eu le cœur sur la main, c’est donc vers des études en sciences infirmières qu’elle se dirige par la suite. Elle travaille encore aujourd’hui à l’hôpital Holy Cross de Floride, au centre de chirurgie d’un jour.

Redécouvrir sa passion
En 2020, à l’arrivée de la pandémie qui a entraîné toutes les conséquences que nous connaissons maintenant trop bien, Chantal s’est retrouvée isolée, en Floride, loin de ses proches qui habitent encore au Québec. Petit à petit, afin de passer le temps, elle a renoué avec sa première passion : le dessin et la peinture. Condamnée à rester à la maison, elle peignait tous les soirs, la peinture devenant sa thérapie.

Tout a donc commencé ainsi, alors qu’elle peignait seule, dans son salon. Lorsque les restrictions du confinement sont devenues moins sévères et qu’elle a pu recommencer à voir des amis, ceux-ci lui ont rapidement laissé comprendre l’étendue de son talent et qu’elle pourrait commencer à exposer et vendre ses toiles.
Les émotions en guise d’inspiration

Les toiles de Chantal Gingras sont vibrantes et colorées, tant ses paysages, que ses animaux, ou encore ses portraits. Elle qualifierait son style artistique de réaliste, bien qu’elle commence à découvrir l’abstrait. « Je suis encore en période d’exploration. J’essaye plein de choses; j’ajoute du doré pour accentuer l’effet brillant de la peinture, je fais du collage.  Pour l’instant, je m’amuse et c’est l’important », exprime Chantal.

« J’aime beaucoup peindre des animaux, parce que je les adore. J’aime surtout peindre un gros plan de leur visage, car, en regardant leurs yeux, il est possible de s’inventer pleins d’histoires. Si je rate les yeux, j’ai raté l’ensemble de ma toile. »

Chantal aime également faire des portraits, mais, comme elle l’explique, étant une éternelle perfectionniste, ils doivent ressembler comme deux gouttes d’eau au sujet avant qu’elle en soit réellement satisfaite. Les yeux, les traits du visage, le grain de la peau, tout doit ressembler à la personne qu’elle tente de représenter !

D’où tire-t-elle son inspiration ?
« Mon inspiration, ce sont les émotions. Chacune de mes toiles me font penser à une image, à un moment précis. Parfois, même à une odeur. Je m’inspire de ce que j’ai vécu, de ce qui m’est arrivé durant la semaine. Et c’est également ce que je cherche à faire vivre à la personne qui regarde mes toiles. Elle doit ressentir une émotion. »

C’est d’ailleurs un élément qui rend la vente de ses toiles plus ardue. « Une de mes grandes difficultés, c’est de faire du marketing pour mon art. Je trouve que c’est un peu bizarre, car j’ai des émotions reliées à chacune de mes œuvres. C’est comme si je vendais une partie de moi. C’est donc difficile de mettre un prix sur une peinture. Je dois y aller avec des points précis - la taille, le nombre de détails et la difficulté d’exécution - en me détachant du côté émotionnel.

Quel est le processus de réalisation d’une toile ?
La réalisation d’une toile, du début à la fin, peut sembler compliquer pour quelqu’un qui n’a jamais fait de peinture. Comment arriver à dompter la blancheur de la toile afin d’y poser le premier coup de pinceau ? Chantal nous l’explique.

« Lorsque je finis de travailler, je m’occupe de mes enfants, je prépare le souper. Lorsque je suis seule, je m’installe, je mets de la musique et je me laisse aller, je commence à peindre, aussi simple que ça. Je peins à temps plein, à tous les jours. »

« Afin de débuter une toile, je dois avoir un sujet en tête. Par exemple, je décide de dessiner un lion. Je me demande ensuite ce que va faire ce lion. Va-t-il dormir ou attaquer ? Et que représente-t-il ? De la force, de la noblesse ? C’est ce qui me permet de me décider sur les couleurs à opter pour ma peinture. »

Et la fin ? Comment savoir qu’une toile est terminée ?
« Ça, mon fils peut vous en parler ! Parfois, il me dit en regardant une de mes toiles : "Bon, je pense que c’est fini, tu peux passer à autre chose ! », explique Chantal en riant. « Personnellement, quand une toile semble terminée, je la laisse pour la soirée. Ce n’est que le lendemain matin, en la regardant à nouveau, que je me décide si elle est réellement terminée ou pas. Ensuite, je peux y ajouter quelques détails, quelques brillants. Toutefois, c’est vraiment à ce moment-ci que je peux dire si mon œuvre réussit réellement à transmettre ce que je voulais représenter. Si c’est le cas, je peux dire qu’elle est terminée. »

Y a-t-il des toiles plus marquantes que d’autres pour un artiste ?
« Dans le cheminement d’un artiste, il y a toujours une toile qui t’amène plus loin que les autres. Par exemple, lorsque tu essayes quelque chose de nouveau, mais tu n’es pas sûre que ce soit bon, tu as toujours comme une crainte. Un tableau peut donc combiner deux styles différents, l’ancien et le nouveau. Puis, le jour où tu fais un tableau qui est entièrement dans ce nouveau style, cela devient extraordinaire. C’est comme finir une série. Tu regardes en arrière et tu te dis : j’ai changé, maintenant je suis rendue là. On peut donc voir une évolution dans mes tableaux.  Je suis presque gênée de mes premières toiles alors que cela fait tout juste deux ans que j’ai réellement commencé à peindre. »

Vivre de sa passion
Bien que Chantal adore son métier d’infirmière, elle aimerait éventuellement pouvoir se dédier uniquement à l’art. Il ne faut pas oublier que l’art fait du bien aussi.

Si elle souhaite continuer d’exposer ses toiles, elle caresse également l’idée d’offrir des cours de peinture. « J’aimerais démontrer que tout le monde peut commencer à faire de l’art, peu importe son parcours, et que ce n’est pas aussi difficile qu’on semble le penser. Tout le monde a "son art" qui sommeille en eux. Il ne reste qu’à se lancer ! »

C’est d’ailleurs ce qu’elle souhaite transmettre à ses trois garçons de 15, 18 et 21 ans. « J’essaye de leur transmettre à tous les jours que tout est possible. Nous n’avons qu’une vie à vivre et il faut s’écouter, peu importe ce que disent les autres. »

Elle ajoute : « C’est aussi le même conseil que je vais donner à tout le monde. Il faut, bien entendu, un travail qui apporte le pain et le beurre sur la table. Cependant, il faut tout de même réussir à mettre quelques heures de son temps dans une passion, car, finalement, c’est ce qui rend vraiment heureux. »

En novembre et décembre, Chantal Gingras exposera ses toiles lors de plusieurs expositions en Floride. Elle participera également au Luxembourg Art Prize, un concours artistique international du Luxembourg.

Pour en savoir plus sur son parcours, pour découvrir son style ou pour vous procurer ses toiles, visitez son site internet : www.chantalgingrasart.com.